Le cimetière chinois de Nolette
Ce cimetière se trouve sur la commune de Noyelles sur mer en Picadie. Un imposant porche oriental le distingue de nos cimetières.
Le loquet du portail est lui aussi original.
Des centaines de milliers de Chinois, qu'on appelait alors des "Célestes", sont venus en France à partir d'avril 1917 en tant qu'alliés.
Par traité, signé jadis par l'Impératrice Douairière Tseu Hi (Cixi), ils ne pouvaient combattre, contrairement aux soldats Annamites de nos lointaines colonies d'Indochine (Vietnam, Cambodge, Laos).
Mais ils furent employés, principalement par l'Armée Britannique, à des tâches jugées ingrates ou difficiles comme le terrassement de tranchées, le ramassage des soldats morts sur le champ de bataille, le déminage des terrains reconquis, la blanchisserie où leur réputation était sans égale, les services de santé auprès des malades, particulièrement de ceux atteints de la fameuse grippe espagnole qui fit 17 millions de morts en Europe.
Infatigables ils surprenaient les européens par leur vivacité, leur endurance et leur joie de vivre.
Ce village picard sans histoire, situé entre Abbeville et Boulogne, devint donc la plaque tournante d'une noria humaine impressionnante.
Or les conditions d'hygiène n'étant pas favorables et le climat inhabituel pour ces Chinois venant génèralement du Sud de la Chine, nombre d'entre eux tombèrent malades et près d'un millier décédèrent dans l'hôpital de campagne du Native Labour de Noyelles.
Bon nombre de ces travailleurs n'ayant pas de famille connue ni les moyens de faire rapatrier leurs corps furent donc enterrés provisoirement dans un champ situé près de cet hôpital.
Lorsque l'Armée Anglaise décida d'aménager les cimetières très nombreux dans la Somme puisque la bataille du même nom fut, en quelque sorte, leur Verdun avec plus de 400 000 morts, une subvention spéciale fut votée pour la création du Cimetière de Noyelles à qui on donna des caractéristiques rappelant la nationalité de ceux qui y étaient enterrés.
Il fut officiellement inauguré le 23 mars 1920.
Le cimetière est donc à la fois très britannique et très chinois mais également très picard puisque se situant dans la campagne à proximité d'un petit village aux maisons basses de torchis traditionnel.
Afin que la tombe ne soit pas une simple plaque anonyme, comme celle qu'ils portaient autour du cou de leur vivant, les autorités anglaises eurent l'idée de choisir et de traduire une formule chinoise pour chacun d'entre eux : "A noble duty bravely done" (un noble devoir bravement effectué) "A good reputation for ever" (Une bonne réputation pour l'éternité" ; "A good felow and a fierce worker" (Un bon camarade et un sacré travailleur) ; " A little man but a great heart" (Un petit homme mais un grand coeur).
Quelques arbres agrémentent le cimetière apportant un peu d'ombre dans cette campagne picarde qui s'étend à perte de vue.
Bon nombre de ces "volontaires" après la victoire de 1918, officiellement 3000, préférèrent demeurer en France et furent recrutés par l'industrie et, particulièrement, par les usines Louis Renault de Boulogne Billancourt et les usines Panhard et Levassor, situées avenue d'Ivry dans le XIIIe arrondissement, formant ainsi le premier noyau de la communauté asiatique française.
A la veille de la commémoration du 11 novembre, je souhaitais rendre hommage à ces hommes.
Bonne soirée,