Convoi 73, une destination spéciale,
Seize élèves du lycée Marceau de Chartres ont réalisé une exposition sur leur voyage aux Pays baltes dans le cadre du Concours national de la Résistance et de la Déportation.
ils sont partis, en février 2017, sur les traces du convoi 73, le seul, pendant toute la Seconde Guerre mondiale, à être envoyé dans les Pays baltes.
Treize panneaux et autant de thèmes permettront au public de comprendre la démarche de ces seize adolescents, scolarisés en seconde et en première.
Sur les pas d'Henri Zajdenwergier, le seul survivant…
…Ils étaient 878 hommes juifs, de 13 à 50 ans, dans ce convoi 73, le seul pendant toute la Seconde Guerre mondiale à être envoyé dans les Pays baltes. De ce voyage au bout de l'enfer, qui a commencé le 15 mai 1944, seuls vingt-deux sont revenus. Henri Zajdenwergier est aujourd'hui le dernier survivant et il témoigne :
« Lorsque les décrets anti-juifs ont été publiés, mon père nous a déclarés au commissariat car nous avions confiance dans le Gouvernement français. » Une confiance trahie le 8 octobre 1942 : les policiers font une grande rafle à partir de leurs fichiers et embarquent la famille.
Après quelques jours de détention, Henri Zajdenwergier est libéré grâce à sa nationalité française mais doit laisser sa famille derrière lui. Un homme, ami de son père, l'accueille et lui fait enlever son étoile jaune : « Je vivais dans une espèce de fausse sécurité, mais ça n'a pas duré. »
Le 7 février 1944, alors qu'il traverse la ville pour aller au lycée, il est arrêté par la police. Ne pouvant cacher ses origines juives, il est envoyé au camp d'internement de Poitiers.
Trois mois plus tard, Henri Zajdenwergier est transféré à Drancy (Seine-Saint-Denis) d'où part, le 15 mai 1944, le convoi 73. À Kaunas (Lituanie), des wagons sont décrochés du convoi : « Nous avons appris plus tard que tous ceux qui y voyageaient ont été exterminés par balles. » Henri Zajdenwergier, lui, continue jusqu'au terminus, à Tallinn (Estonie).
À la fin août 1944, les Allemands évacuent leurs prisonniers à Gdansk (Pologne). Les déportés juifs voyagent en cargo, à fond de cale et dans la plus grande promiscuité. Ils rejoignent le camp de Stutthof, en Prusse orientale, où ils travaillent en forêt : « Nous n'avions plus d'identité, juste un numéro. Nous avions perdu toute dignité humaine. »
Le 20 janvier, les Allemands évacuent les déportés à pied dans des conditions terribles : « J'avais emballé mes pieds dans du papier à ciment, on mangeait de la neige. C'était marche ou crève. Ceux qui n'arrivaient pas à suivre étaient abattus sur le champ. »
Pour Henri Zajdenwergier, l'enfer se termine en mars. Son refus de sortir du baraquement pour répondre à l'appel lui sauve la vie. Perdant connaissance, il se réveille dans un hôpital de campagne sous l'œil d'un officier russe. Rapatrié en France, il ne retrouve qu'un oncle maternel. Un autre survivant…
Seuls 22 des 878 hommes du Convoi 73 ont survécu après la guerre, et ont pu rentrer en France en Mai 1945. Parmi les victimes, on compte le père et le frère de Madame Simone Veil, elle-même déportée à l’âge de 16 ans à Auschwitz-Birkenau.
L’exposition réalisée par les lycéens du Lycée Marceau restera visible jusqu'à la mi-juillet sur l'esplanade de la Résistance à Chartres.( Sources, Laurence Franceschina, L’Echo Républicain et le blog de Gilles, un retraité français, amateur d’histoire ).
" Un peuple qui oublie son passé, se condamne à le revivre ".
Winston Churchill