Billie Holiday
Cela fait longtemps que je souhaitais faire cet article sur Billie Holiday.
Billie Holiday, née Eleanora Fagan, à Baltimore, le 7 avril 1915 et décédée à New York le 17 juillet 1959 est une chanteuse de jazz américaine considérée comme l'une des plus grandes chanteuses que le jazz ait connues, c'est aussi ma chanteuse préférée.
Enfance douleureuse et tourmentée, elle a dix ans lorsque, pendant l'une des nombreuses nuits que sa mère passe dehors, elle est violée par un voisin.
En plein Harlem, sous la prohibition, Eleanora découvre les boîtes clandestines, où l'alcool coule à flots et où le jazz résonne du soir au matin. Presque par hasard, Eleanora rencontre un jeune saxophoniste,Kenneth Hollon, et décroche avec lui ses premiers engagements, dans le Queens et à Brooklyn. Elle a quinze ans et se choisit un nom de scène. Pas n'importe lequel. Lorsque, petite fille, son père passait la voir, il riait de ce garçon manqué et la surnommait Bill. Elle reprend ce sobriquet qu'elle adosse au nom de son père, qu'elle parvient d'ailleurs à retrouver à l'époque, alors qu'il joue dans l'orchestre de Fletcher Henderson.
Un peu grâce à son père, mais surtout grâce à son talent, Billie croise bien des musiciens, notamment Bobby Anderson avec qui elle tourne dans plusieurs clubs de Harlem.
Au sommet, Billie chante également avec Duke Ellington,elle devient dès lors l'une des vedettes du jazz new-yorkais.
En mars 1939 un jeune professeur de lycée, Lewis Allan, écrit un poème et propose ensuite à Billie Holiday de mettre en musique et d'interpréter " Strange Fruit ". Cette métaphore du lynchage des noirs dans la brise du sud devient la chanson-phare du Café Society et de Billie. La chanson déchaîne la controverse, et l'enregistrement qui en est bientôt tiré rencontre un immense succès.
En 1945, Billie apprend la mort de sa mère. Billie est effondrée, elle sombre dans la dépression, elle se réfugie un peu plus dans l'alcool, la drogue, et écourte sa tournée.Son imprésario Joe Glaser lui impose une cure de désintoxication dans une clinique privée, début 1947. En vain : quelques semaines plus tard elle est arrêtée en possession de stupéfiants et condamnée à un an de prison. Billie fait scandale, et se trouve de plus dans une situation financière difficile.
Jusqu'à la fin, sa vie sera chaotique, alternant, concerts, cures de désintoxication et prison, elle décède en 1959.
Ils sont nombreux qui, écrivains, poètes, artistes, musiciens, unanimes dans la louange, ont célébré celle à qui on a donné tous les surnoms, de la " Callas du Blues " à la " Diva du Jazz, jusqu'à ce que Lester Young, le plus fidèle de ces complices, invente pour elle ce nom de la lumière: " LADY DAY ", la " Dame du jour ", le " Jour fait Femme ".
Quelques titres que j'ai eu le plaisir de réécouter un écrivant cet article:
Et aussi cette vidéo avec un sous titrage pour la traduction de " Strange Fruit ". ( la qualité du son est moyenne, mais cette vidéo est significative d'une époque).
" Voix de chatte provocante, inflexions audacieuses, elle frappe par sa flexibilité, sa souplesse animale - Une chatte les griffes rentrées, l'oeil mis clos".
Boris Vian
(Jazz Hot, février 1954 )
Bon dimanche.